Le laboratoire de l’écrivain – 21 octobre

La capacité d’inventer, de rêver et de fabuler appartient à chaque être humain et le nourrit profondément. C’est sans doute une des parts les plus fortes et lumineuses de notre humaine condition. Le laboratoire de l’écrivain des Productions Langues Pendues veut mettre en lumière le travail en amont du livre, ce travail qui accompagne l’élaboration d’un monde complexe de langage, qu’il soit poétique, narratif, dramatique ou discursif.

Pour ce faire, Katia Belkhodjia, Jean-Marc Desgent, Christian Guay-Poliquin, Mathieu Leroux, Catherine Mavrikakis et Jennifer Tremblay questionneront leur démarche par le biais de discussions sur le métier d’écrire, d’écriture in situ et de lectures d’extraits. L’événement, qui se déroulera le 21 octobre dans le Vieux-Longueuil, est une occasion de performance, de diffusion et de rencontre avec le public-lecteur qui vivra une expérience concrète d’écriture et de lecture tout en prenant connaissance du travail complexe et esthétique de recherche et de construction propre au métier d’écrire.

Ce projet conçu et piloté par Valérie Carreau et France Mongeau et animé par Shanti Van Dun est une très belle occasion pour les étudiantes et étudiants d’entendre parler d’écriture et de création littéraire.

Déroulement :

– 10 h 30 à 12 h : rencontre d’échanges et de discussions à la salle Albert-Beaudry, Maison de la culture de Longueuil, Édifice Marcel-Robidas au 300, rue Saint-Charles Ouest ;

– 12 h à 14 h 30 : écriture in situ dans trois cafés ou bistros du Vieux-Longueuil où travailleront les écrivain.e.s.

– 15 h à 17 h : retour sur les textes et lecture d’extraits à la Librairie Alire, Place Longueuil (entrée porte P-6, rue Joliette), 17-825, rue St-Laurent Ouest.

Stainless style

Stainless est le premier recueil de poèmes d’Hugo Beauchemin-Lachapelle, paru cet automne aux éditions l’Hexagone, et dont le lancement a eu lieu le 14 septembre dernier, au Quai des Brumes, à Montréal.

Il donne à voir et à lire, dans un style concis et maitrisé, une série de scènes inspirées librement du quotidien et de la vie conjugale.

Un homme – un chômeur ? – raconte ces journées faites de pas grand-chose, en même temps qu’il cherche à trouver la force d’affronter l’ascèse qui s’impose.

Cet homme, parfois inadéquat devant la routine des jours, nage souvent en plein milieu de l’océan des choses à faire et nous émeut, parce qu’il trouve surtout le temps nécessaire pour créer, pour « agacer » un poème, pour s’enfoncer en soi le long de sa langue et pour poser un regard lucide sur le monde qui l’entoure, sur la relation amoureuse qui occupe ses pensées.

La poésie surgit alors de ce quotidien qui traine par terre, jette un éclat  de lumière sur la banalité, sur la vie parfois en bordel et parvient à faire briller la réalité tant intérieure qu’extérieure, à la révéler sous ses multiples facettes.

« Tu n’entends pas les orages qui me rongent
tu n’as pas peur du silence d’une histoire
qui s’essouffle à ne pas nous raconter
à ignorer l’éclaircie de notre vie contente
quand bien même on redéfinirait l’héroïsme
qu’on ajusterait son niveau de difficulté
pour l’adapter à notre quotidien déjà usé
[…]
je module mes attentes et mes déceptions
j’ai tout appris tout seul à force d’écouter
les berceuses des conférences de presse
bientôt je serai une note en bas de page
dans ma mémoire qui ne me sert plus
qu’à ne pas oublier de ne pas oublier. »

N. E.

Connaissez-vous Maggie Roussel ?

oeil nu

J’essaie d’écrire comme une onde infrarouge.

J’essaie d’écrire comme on décoche une flèche.
J’essaie d’écrire comme une primate extraterrestre en
sous–vêtements, qui fume sa pipe toute la journée
dans la forêt dégonflée.

M.R.

« L’œil est une merveille de la nature » et celui de Maggie Roussel1 scrute, interroge le monde sans relâche, curieux.

Toujours à vif, comme il se doit, quand on l’a bien ouvert, l’œil, chez Roussel, est aussi souvent plein de tendresse, amusé, angoissé, rarement au repos, puisque tant de choses en ce monde le sollicitent. Même l’enfant, qui tourne de l’œil au milieu du salon de ses parents, a des révélations d’images à faire; tout comme un homme, décapité par un drone, gardera les yeux ouverts sur son corps échoué par terre. Une mère insomniaque ne peut s’empêcher de voir clignoter, dans l’obscurité de sa maison, tous ces objets familiers qui l’entourent (modem, routeur, micro-ondes, téléphone), car rien ne dort vraiment au Royaume des technologies. À moins qu’on ne débranche tout soi-même, surtout si on est une nymphe, la nuit venue, qui veille sur son foyer ? Surprendre ses voisins en train de faire l’amour parce qu’ils n’ont pas baissé leurs stores : voilà encore un dernier spectacle à voir avant de regagner son lit.

À l’œil nu est le plus récent recueil de Maggie Roussel (Le Quartanier, 2017), composé de récits brefs, de dialogues et de poèmes. Le regard attentif qu’elle pose sur la folie d’un monde « à bout de souffle » n’est plus ni vierge ni resté replié dans sa poche. D’ailleurs, qui peut rester témoin (du regard) de ses violences sans souffrir ; tranquille, devant tant d’images de pays en guerre ?

Sûrement pas la jeune fille-ailée de « ANTICHAMBRES », pas plus que celle du poème « UNE FILLE DU SIÈCLE » :

Car une fille de quoi, une fille de ce siècle,
j’en connais au moins une, oui,
une fille pareille,
c’est drôle,
une fille pareille
a salivé, à travers ses dents toutes blanches,
a laissé monter au bord de ses lèvres brillantes
une salive claire
qui a fini par couler hors de sa bouche
devant quelques nouvelles horrifiantes diffusées
sur l’écran.

Ce recueil baroque, magnifiquement écrit, a bien entendu pour thème obsédant le regard.

Et il y en a de toutes sortes : inquisiteur, voyeur, voyant, aimant, vengeur, artificiel, aveugle, épouvanté, cerné, fuyant…

Vous l’aurez compris : l’œil nu, cette drôle de caméra métaphysique, capte les soubresauts du siècle, avec son « avalanche d’images » ; et projette, « en flot continu », celles qui proviennent de la cinémathèque intérieure de Maggie Roussel. Lire À l’œil nu, c’est prendre conscience de la pluralité des perspectives qui gouvernent notre subjectivité, de la présence de ces nombreux yeux qui voient par les nôtres.

« Désencombrer le regard », dit-elle ?

Mon œil ! Pas tant qu’il est vivant !

1 Pseudonyme de Maggie Dubé, professeure de littérature au cégep Edouard-Montpetit.

Pascale Millot et Réjean Ducharme

DucharmeEn avril 2000, Pascale Millot avait publié un long reportage sur le mythe Réjean Ducharme pour le magazine L’actualité. Suite à la mort de celui-ci, elle a été interviewée par Catherine Perrin de l’émission Medium large à Ici Première et au 98.5 par Marie-Claude Lavalée.

Pour écouter les entrevues : Ici Première, 98.5.

Mathieu Blais à Plus on est de fous plus on lit

Sainte-FamilleMathieu Blais participait à l’émission littéraire Plus on est de fous plus on lit, à Ici Première, le mercredi 30 août. Il était interviewé par Mathieu Dugal à propos de son tout nouveau roman, (Sainte-Famille), paru récemment chez Leméac et dont on vous reparlera très bientôt.

Pour écouter l’entrevue, c’est ici.

Lancement de revues littéraires le 24 mai

Lancement revues littérairesLes 12 finissants et finissantes du programme Arts, lettres et communication, option Littérature, vous convient au lancement qui couronne leur cours Revue littéraire.  La soirée vous permettra de rencontrer les étudiants, d’acheter leurs revues (au coût de 6$) et d’échanger avec eux sur leurs démarches et réflexions, de la conception à la production de la revue.  Mercredi le 24 mai, vous êtes donc attendus au studio-télé dès 18 h.  Nous prévoyons quelques petits plaisirs à manger ; vous prévoyez quelques petits plaisirs à boire.

Le lancement sera suivi d’une Soirée de la poésie (micro ouvert) à laquelle vous êtes tous invités à participer par la lecture d’un poème de votre choix.

C’est (presque) la fin de la session et ce sera une formidable soirée.  À la semaine prochaine !

Marina Girardin chez Honoré Champion

Marina Girardin« Cet ouvrage sonde le terrain sur lequel la critique littéraire et la biographie d’écrivain se rencontrent dans la seconde moitié du XIXe siècle. Plusieurs travaux consacrés à l’évolution des études littéraires suggèrent que la critique y a fusionné avec la biographie, pour ensuite cheminer à ses côtés jusqu’à ce que Proust l’ait tirée de son dogmatique endormissement. Les choses se sont-elles passées de manière aussi simple et aussi linéaire ? Après avoir identifié le socle épistémologique sur lequel se produit le rapprochement de la critique et du biographique, cet ouvrage s’arrête à un cas de figure emblématique : Gustave Flaubert. Par ses prises de position fortement antibiographiques comme par son programme esthétique porté par le désir d’une oeuvre objective et impersonnelle, Flaubert semblerait ne pas se prêter à cette rencontre de la critique et de la biographie. Et pourtant, à y regarder de plus près, il y a tout lieu de croire qu’il y a, d’une manière ou d’une autre, contribué…» (Quatrième de couverture de Flaubert : critique, biographique, biographie critique).

La pièce L’hiver de force présentée cette semaine

L'hiver de forceLes finissants du programme Arts, lettres et communications, option Théâtre, présentent L’hiver de force, au studio-télé du campus de Longueuil (local D-2316), le temps de quatre représentations qui auront lieu le mercredi 17 mai, à 19 h 30, le jeudi 18 mai, à 12 h 30 et à 19 h 30 et le vendredi 19 mai, à 12 h 30.

Cette pièce est une adaptation du roman de Réjean Ducharme, réalisée par Lorraine Pintal, Lyne Hains et Nicolas Guillemette. La mise en scène est quant à elle signée Dominique Boisvert. Différents aspects de la mise en scène ont été dirigés par les étudiants, de la confection des costumes à la direction des acteurs. Cette incontournable pièce de théâtre entraîne les dix acteurs dans un univers onirique et ludique campé dans les années 1970 au Québec.

La pièce raconte l’histoire d’André et de Nicole, accompagnées de leurs alter ego Ines Pérée et Inat Tendu. Ces correctrices décidées à ne rien faire sont fascinées par le vide qui aspire la société. « Et si on ne faisait plus rien ? Quand y aura plus rien, on pourra plus dire du mal de rien. » Leur amour passionnel pour la star Petit-Pois bouleversera cependant leur quotidien.

Les différents rôles sont interprétés par les membres de la troupe Lazzi, dont font partie Domitille Condrain-Morel, Ariane Dorion, Julie Auclair, Emmanuel Bossé-Messier, Arielle Thiffault, Roxane Trudel, Samuel Lamarre, Gabriel Caron-Roy et Mariann Thibault.

Les billets seront disponibles à la porte et auprès de ces étudiants au coût de 5 $.

Écrire, dit-elle

Mercedes Font, «Espace 5», 2012 (photographie: Guy L'Heureux).

Mercedes Font, «Espace 5», 2012 (photographie: Guy L’Heureux).

France Mongeau publie, dans le numéro 149 de la revue littéraire Les écrits, une suite de dix poèmes intitulée Depuis la nuit. Comme dans son plus récent recueil, Les heures réversibles (éditions du Noroît), verbe, corps et sentiments s’y conjuguent en une forme poétique singulière et belle. « Depuis la nuit j’étreins un cœur tel un verbe au poids léger. »

« Tout passe d’abord par le langage, explique la poète et professeure de littérature au cégep. C’est comme si les mots me venaient avant les sensations, avant les émotions. »

Les poèmes publiés ici sont issus d’un ensemble plus vaste que notre collègue entend publier cet automne ou l’hiver prochain. Ces textes, construits à partir d’images précises, de souvenirs de lieux, sont traversés par un fil qui mène ailleurs. « Ce sont tous des lieux où j’ai vu ce qu’était la pauvreté », poursuit-elle. Certains sont liés à l’enfance, d’autres à des voyages. Il y a le quartier Saint-Henri à Montréal, Mexico, la Colombie, la Martinique.

Pour ce nouveau projet, France Mongeau inaugure une forme nouvelle : la prose devient vers à mesure que l’image initiale s’étiole et se fragmente. « Syntaxiquement aussi, j’ai travaillé la fragmentation », ajoute-t-elle.

Ainsi, par la ponctuation ou la typographie, certains vers offrent deux possibilités de lecture. « Elle est une amie qui repousse/quelque habitude triste contre mon sein. J’arpente

cette guerre

en elle le vocabulaire de l’arrachement sa connaissance intime des disparitions. »

Dans cet imposant numéro de la revue vieille de 63 ans, élaboré par Pierre Ouellet et Marie-Andrée Lamontagne, on trouvera quelque 24 écrits accompagnés des œuvres de la peintre Mercedes Font. Les textes sont, notamment, signés André Major, Hélène Frédérick, Roger Des Roches et Rober Racine. On peut aussi y lire un puissant récit (« Frissons d’un détraqué ») de notre collègue de philosophie Philippo Palumbo.

P. M.