Jean-Claude Brochu à l’Université de Toulon

Du 28 au 29 mai, Jean-Claude Brochu sera de passage à l’Université de Toulon, où il participera à un colloque sur « Julien Green et la formation de l’esprit ». Ci-dessous, le début de sa communication intitulée « Introduction à la méthode de Julien Green ».

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Les trois années d’études universitaires aux États-Unis succèdent, pour Julien Green, à «quelques mois de service dans l’artillerie française[1]» au terme de la Première Guerre mondiale. À nous fier aux divers témoignages d’appelés ou d’engagés, nous comprenons que l’expérience de la guerre laissa chez plusieurs d’entre eux une avidité d’apprendre, un besoin de vivre dans les choses de l’esprit, de remonter vers la partie intellectuelle de l’homme, après avoir vécu surtout par le corps. L’idiosyncrasie greenienne renforce évidemment une telle disposition.

Pour renchérir sur Littré, la formation de l’esprit ne va pas sans une intention de lui faire acquérir ici, par l’intermédiaire d’une éducation, les facultés intellectuelles, l’aptitude à comprendre, à saisir et à juger. Apparentée aux arts libéraux, l’éducation américaine de Green accorde une place prépondérante à la littérature, et ce, malgré sa relative instrumentalisation. C’est là un cheminement à suivre d’abord dans Terre lointaine, le troisième volume de l’autobiographie de Julien Green, puis dans l’éclairage nouveau que lui apporte l’auteur avec la publication, en 1993, de pages inédites de son Journal intitulé On est si sérieux quand on a 19 ans.

Nous voyons le jugement de Green se façonner dans ces deux livres par les mouvements inductif et déductif, et de multiples comparaisons antithétiques entre l’Amérique et la France. L’enseignement des professeurs et ses lectures aident l’étudiant Green à mieux cerner son «secret[2]», car tout jeune lecteur ne manque pas de se voir au miroir des livres. Et si la lucidité constitue l’une des habitudes mentales des plus souhaitables, elle commence par faire appel à la pensée critique. Former son esprit, c’est donc critiquer et se poser des questions – fût-ce au prix, pour Green, en ces années de formation, de son peu d’aptitude à vivre.

[1] Terre lointaine, Paris, éditions Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1977, tome V, p. 1043.

[2] Ibid., p. 1098.

Jean-Claude Brochu à la Sorbonne

Dans le cadre d’une journée d’étude organisée par la Société internationale d’études greeniennes (la SIEG) qui a pour titre « Le Journal vespéral de Julien Green », Jean-Claude Brochu sera à la Sorbonne Nouvelle, le 25 novembre 2017, pour donner une communication, intitulée « Un peu profond ruisseau calomnié, la mort» (Mallarmé).

Au terme de L’arc-en-ciel, le treizième tome de son Journal, Julien Green a atteint le grand âge de quatre-vingt ans, mais la vie lui réserve encore plusieurs passages « devant la porte sombre » du 13 août, date de son décès en 1998. Nous essaierons de comprendre, à la relecture des six derniers volumes de son Journal, de quelles façons la mort s’approche de lui et comment il se prépare à la recevoir.

La mort ne lui vient pas de la maladie, elle le cerne plutôt par la disparition de ses proches, s’immisce dans ses rêves et s’exprime surtout à travers le déclin de la civilisation. Ce mot de civilisation, que Green a peut-être eu le loisir de réviser avec l’illustre compagnie, se définit, selon son Dictionnaire, par l’« ensemble des connaissances, des croyances, des institutions, des mœurs, des arts et des techniques d’une société ». L’entrée se poursuit avec des usages comme « civilisation occidentale » et « civilisation moribonde ». Nous verrons que le diariste fait un sort à tous les éléments de cette définition.

Quant à la manière greenienne d’appréhender la mort, elle consiste essentiellement à cultiver les vertus théologales (la foi, l’espérance, la charité) et à soigner sans hâte, à l’heure des bilans, une postérité dont l’auteur n’a jamais douté, indépendamment de ses observations sur la gloire. Puisque la foi contredit la peur, Green ne semble pas craindre la mort. Il nous faudra bien admettre avec lui, en dernière analyse, qu’elle n’existe pas. (J.-C. B.)

Rappelons que le Journal que Julien Green a tenu dès 1919, puis « presque tous les soirs » de 1926 à sa mort en 1998, est considéré comme l’un des monuments littéraires du 20e siècle.

«Le français s’affiche» – nouveautés de septembre 2017

Le Centre de valorisation et d’amélioration « Le français s’affiche ! » propose de nombreuses nouveautés depuis le mois de septembre. Nous vous proposons ci-dessous un résumé des principaux récents ajouts.

Coin des expressions 
On y trouve un court métrage d’animation réalisé par Cédric Corriveau-Mercier, Samuel Perrier et Marc-Étienne Foster, trois diplômés en Intégration multimédia du cégep Édouard-Montpetit. Ils ont illustré l’expression « Ça ne prend pas la tête à Papineau ».

Chroniques autour d’une langue
Trois nouvelles chroniques sont disponibles :

Le bon usage des insomnies, de Jean-Claude Brochu, écrivain et professeur au Département de français et de littérature du Cégep.

Mine de rien, d’Olivia Lim, diplômée d’Édouard et étudiante à l’Université de Montréal.

Parler franc !, de l’artiste Dramatik, pionnier de la scène hip-hop québécoise (et membre de Muzion).

L’importance de la langue  
Deux témoignages récemment recueillis peuvent être entendus : l’un de Gabriel Nadeau-Dubois, l’autre de Jasmin Roy.

Coin des lecteurs
Deux suggestions de lecture se sont ajoutées : l’une de Marie Aboumrad, une autre d’Arianne Aubry-Barbeau, respectivement employée et diplômée de l’ÉNA.

Lancement des recueils d’essais

EssaisLe jeudi 15 décembre prochain, dans le cadre du cours Essai de l’option Littérature du Département de littérature et de français, les étudiants du professeur Jean-Claude Brochu lanceront quatre recueils d’essais. L’évènement aura lieu devant l’entrée de la bibliothèque du campus de Longueuil, de 17 h à 19 h.

Jean-Claude Brochu au colloque Julien Green

Julien GreenDu 3 au 5 décembre prochain, notre confrère Jean-Claude Brochu sera dans le Vaucluse pour participer au colloque organisé par la Société internationale d’études greeniennes, Julien Green et la Bible : Écritures et écriture. Intitulée « La Bible en temps de crise chez Julien Green », sa communication explorera les principaux intertextes bibliques dans les œuvres de Green datant de 1935 à 1939.

Lancement des livres de Jean-Claude Brochu et de Stéphanie Bellemare-Page

LancementMercredi, le 21 octobre prochain, aura lieu le lancement simultané des parutions récentes de nos collègues Jean-Claude Brochu (Un peu de chaque chose, presque rien du tout) et Stéphanie Bellemare-Page (Chaque fois, je t’invente). L’évènement se déroulera à la Librairie coopérative, située dans le Pavillon Le Caron, de 17 h 30 à 19 h 30.

Veuillez confirmer votre présence avant le 16 octobre, par courriel à rdesjardins@coopmontpetit.com ou par téléphone au 450-679-2631, poste 2681.

Coup d’essai, coup de maitre ?

En publiant son premier livre un essai   Jean-Claude Brochu réalise un vieux rêve…

JC Brochu

Photo : Julien Catella

Il vient juste d’arriver sur les tablettes et il porte un titre doux et modeste. À l’image de son auteur. Jean-Claude Brochu sort son tout premier livre. Premier livre, peut-être, mais certainement pas premier écrit. « J’écris de façon sérieuse depuis 40 ans », explique celui dont personne n’oserait mettre en doute le sérieux… « Et je le confesse, c’était un rêve pour moi de publier un livre. » L’occasion s’est présentée quand notre ancien collègue Jonathan Livernois lui a offert une place dans la collection d’essais qu’il dirige aux éditions Leméac. Jean-Claude Brochu s’est donc replongé dans les textes qu’il a publiés au fil d’une trentaine d’années dans des revues (Moebius, Trois, Les Écrits) et un fil conducteur s’est vite imposé : le roman d’apprentissage. De la naissance à la mort, des origines à l’absolu, les écrits réunis dans Un peu de chaque chose, presque rien du tout (un titre qui, souligne le professeur Brochu, peut se lire autant comme une antithèse que comme une gradation descendante) parlent de ce que l’on apprend bien sûr, mais aussi de ce que l’on perd. « Vivre ses deuils, c’est peut-être ça vieillir. Mes deuils à moi, je les ai beaucoup vécus crayon en main. Je les ai faits en les écrivant. » Et aussi, à travers les œuvres des écrivains qu’il admire et dont il est beaucoup question dans ce livre: Jacques Brault, Julien Green, Gabrielle Roy, Marguerite Duras, notamment.

Origines, enfance, études, enseignement, écriture, amour, absolu, l’ouvrage est structuré selon sept grands thèmes qui, on s’en doute, balisent aussi le parcours biographique de l’enseignant…

Et maintenant que le rêve est réalisé ? Que l’objet est sur la table ? Maintenant, comme Montaigne, l’écrivain peut se reposer… « Maintenant, cela ne m’appartient plus et c’est indigne des lettres de s’en préoccuper », conclut-il.

Un peu de chaque chose, presque rien du tout, Leméac Éditeur, 168 pages.

Pascale Millot