Le 16e Prix littéraire des collégiens

À Québec, lors des délibérations nationales du Prix littéraire des collégiens les 11 et 12 avril, Maude Ouellette, étudiante dans le programme Arts, lettres et communications, option Littérature, représentait le cégep Édouard-Montpetit.

Cette dernière a tout d’abord assisté aux rencontres littéraires au collège où avec d’autres passionnés de lecture elle a pu débattre de l’intérêt des cinq livres en lice. Ensuite, les étudiants ont déterminé, lors d’un vote secret, l’œuvre qui ressortait du lot grâce à sa force de frappe, sa construction complexe et son écriture maitrisée. Ils ont aussi dû se choisir un représentant fiable qui saurait bien mener son jeu. Maude a manifesté son envie de vivre cette aventure et a su rallier les participants à sa cause.

Par la suite, forte de cette expérience, elle a retrouvé les autres membres du jury estudiantin, composé par de jeunes lecteurs de nombreuses régions du Québec. Ce fut l’occasion pour elle de faire valoir ses qualités oratoires, ses convictions, sa lecture juste des textes en défendant les couleurs de notre cégep.

On la voit, sur la photo avec le lauréat de l’édition 2019, Jean-Christophe Réhel, auteur du roman Ce qu’on respire sur Tatouine.

Quatrième édition des Pugila[r]ts

Ce jeudi 18 avril aura lieu la quatrième édition des Pugila[r]ts. À compter de 19 h, au studio-télé, des étudiants et étudiantes de l’option Théâtre (les Dramatiques, dirigés par Caroline Lauzon) affronteront des étudiants et étudiantes de l’option Littérature (les Lettrés, entraînés par Isabelle Paquet) dans le cadre d’impétueuses olympiades culturelles. Au programme, des lectures-performances, de la photographie, de l’impro, des courts-métrages, de l’écriture in situ et un quiz de type « Génies en herbe ». Les pugilistes devront livrer une féroce bataille avant que les membres du jury déterminent laquelle des équipes se méritera le fameux Rollin, trophée exposé dans le Boulevard des écrivains depuis quelques années. Soyez nombreux à venir les encourager !

La Nuit de la poésie est de retour pour une 6e édition

La poésie est une espèce de musique : il faut l’entendre pour en juger. – Voltaire

Venez entendre des poètes lire leurs propres textes ou ceux d’autres auteurs pendant la Nuit de la poésie, dans le cadre du Printemps de la culture.

Le jeudi 28 mars, de 19 h à 23 h.

Il y aura aussi un micro ouvert, des performances musicales et artistiques et des expositions.

Informations : benoit.moncion@cegepmontpetit.ca

Dictée de Colette

La dictée de Colette, c’est un défi à relever, le mercredi 20 mars 2019, à 13 h, au Centre d’aide en français (CAF) du campus de Longueuil ! Tous les étudiants sont invités à y participer. Des prix de participation seront offerts par la Coop Édouard-Montpetit.

Le français s’affiche : les nouveautés de février

En ce mois de février 2019, six nouveaux participants, dont l’auteur et rappeur Biz, témoignent de leur amour pour le français dans le cadre de la campagne de valorisation du cégep Édouard-Montpetit Le français s’affiche.

L’auteur-compositeur-interprète David Portelance, le scénariste et humoriste Daniel Savoie, mieux connu pour son personnage de Patrice Lemieux, les coordonnateurs de l’initiative « Le français, une valeur qui compte » de HEC Montréal, David Prince et Valérie Patenaude, et l’une des grandes voix du Québec, Marie Denise Pelletier, nous font aussi part du rapport qu’ils entretiennent avec cette langue.

Cliquez ici pour lire leurs entrevues et découvrir nos capsules sur le français!

Montpetit entretien: rendez-vous avec François Ricard

Dans le cadre des  Montpetit entretien, venez assister à la conférence de François Ricard, essayiste, professeur émérite de Littérature à l’Université McGill et récipiendaire du prix Athanase-David – 2018.

Le mercredi 20 février prochain, il sera à la bibliothèque du campus de Longueuil pour présenter son ouvrage La littérature malgré tout  en présence de Marina Girardin, professeur de littérature au CEM. Un rendez-vous à ne pas manquer!

Franchement

Francoeur est la dixième œuvre publiée par Mathieu Blais, écrivain et professeur au Département de littérature. C’est le récit d’un écorché vif de la vie qui illumine le quotidien de ses codétenus, en particulier Bronco, compagnon de déroute de Francoeur et narrateur de cette palpitante histoire de violence, de dépossession et d’amour. Nous avons rencontré notre collègue à l’occasion de cette parution.

Le blogue : Où situer Francoeur dans l’ensemble de ton œuvre ?

Mathieu Blais : En pleine continuité avec ce qui a précédé. Ce qui m’intéresse, ce sont les opprimés, la marge. J’ai débuté ma « carrière » comme poète, dans la marge de la marge si l’on veut, et j’ai toujours cherché à investir les figures de la marginalité et de la pauvreté, les maganés de la vie. Francoeur est le deuxième de trois livres sur la violence. Sainte-Famille traitait de violence conjugale, Francoeur traite de violence amoureuse, le dernier traitera de violence révolutionnaire. Le mot révolutionnaire fait défaut aujourd’hui au Québec, n’est pas véritablement investi. J’explore toujours le tumulte intérieur des colonisés. Du black bloc à la femme victime de violence conjugale, la violence renvoie à notre aliénation. Encore aujourd’hui nous restons profondément colonisés, mais ancré dans la question des classes sociales, en littérature en tout cas, cet état est porteur sur le plan narratif.

Le blogue : Vois-tu un lien entre ton travail de romancier et ce que des critiques ont appelé la littérature de la chainsaw ?

M.B. : Peut-être dans le réinvestissement de la figure du territoire, de sa langue, mais je n’écris pas en fonction d’une soi-disant école, non.  De manière générale, quelque chose se libère progressivement en moi et je me retrouve comme conteur de plus en plus. Si on veut chercher un intertexte à Francoeur ce serait Novecento : une même manière de parler, le recours au huis clos, l’imagination d’un ailleurs, mais le réalisme magique en moins. Comme pour le personnage éponyme du livre de Baricco, c’est aussi l’idée d’une bonne histoire à raconter. Le point de départ de Francoeur, c’est un fait divers : il y a dix ans un camion était lancé dans le bunker des Hells à Sorel et prenait feu.

Le blogue : Quel rôle joue la violence ?

M.B. : Dans certains cas, la violence est souvent nécessaire pour briser le cycle de la répétition et de l’aliénation (Fanon) et de la violence infligée à soi-même et à ses frères (c’est le cas de Francoeur). Depuis les années 1940 on assiste à une fragmentation des luttes identitaires, par ailleurs absolument nécessaire, mais qui dissout tout projet national. On parle beaucoup d’intersectionnalité mais quel en est le point focal ?  Est-ce porteur d’un projet de société ?  Je suis un anticapitaliste primaire (rires). La violence dans nos sociétés est désormais balisée par la classe moyenne qui est une sorte de fausse classe – ni pauvre ni riche, ni tout à fait locataire ou propriétaire. Toujours est-il que mon rapport au social, et à la violence en particulier, s’exprime par des figures de pauvreté et de criminalité et Francoeur est une histoire de survivance. Bronco et Francoeur sont pris dans un système qui les broie, ils vont s’utiliser l’un l’autre, c’est leur réciprocité qui donne un sens à l’histoire. Les jeux d’alliance et d’amitié ne font qu’un temps dans un contexte d’exploitation.

Le blogue : Quel est ton rapport au travail d’écriture ?

M.B. : J’ai eu la chance extraordinaire de bénéficier d’une résidence d’écriture à l’été 2017 à la Bibliothèque Raymond-Lévesque où j’ai été confiné à un bureau avec un horaire serré pendant quelques mois. Un écrivain dans une cage de verre ! (rires) Et j’ai adoré cela car je suis très discipliné. Je dois avoir un fasciste intérieur (rires). En temps normal, il m’est relativement difficile de réserver du temps à l’écriture compte tenu de ma vie familiale et de mon travail de prof. La résidence m’a fait un bien fou.

Le blogue : As-tu écrit Francoeur rapidement ?

M.B. : Oui, pratiquement d’un seul jet. La première version fut écrite de manière farouchement spontanée. Dans Sainte-Famille, je m’étais intéressé au flux de conscience des trois personnages, et cela a ouvert quelque chose dans ma pratique d’écriture. Francoeur a été comme un robinet ouvert qui n’arrêtait plus de couler. À la limite, j’aurais publié Francoeur comme je l’ai d’abord écrit, soit sans ponctuation, mais on m’en a dissuadé (rires). Il y a quand même l’exigence du narratif, d’un certain public lecteur, même minimal.

Le blogue : Vises-tu un plus grand public, davantage de reconnaissance ? La littérature peut-elle encore changer le monde ?

M.B. : Ce sont deux questions différentes. À la base je ne suis pas quelqu’un de « public ». Ça m’a pris un doctorat pour me rendre compte que l’université n’était pas faite pour moi, ça m’a pris dix livres pour me rendre compte que l’écrivain « public » ce n’est pas vraiment moi non plus. Ce qui n’enlève rien à l’importance d’élaborer des représentations du monde qui influenceront le lectorat. C’est la même chose pour le professeur que je suis. J’espère agir comme révélateur mais les étudiants ont du chemin à faire et je ne sais pas si l’institution collégiale peut à elle seule faire d’eux des lecteurs. Mes espoirs sont-ils moins élevés qu’au début de ma carrière ? Peut-être mais on cherche toujours son cachalot blanc, et flamber les consciences reste encore mon objectif. Je suis plus anarchiste qu’indépendantiste finalement (rires).

Le blogue : Es-tu un lecteur de littérature policière ou criminelle ?

M.B. : La littérature de genre ne m’a pas tant nourri mais j’aime un certain type de romans noirs. Je crois que je vais de plus en plus dans cette direction. J’aime ce que la littérature révèle du social dans ce qu’il peut avoir de sordide. La littérature de genre qui a des qualités littéraires, qui fait parler le social et qui est un plaisir de lecture aussi, pourquoi pas ! Je lis actuellement du Tony Hillerman, qui donne dans l’ethnopolar. Je suis surtout un grand lecteur d’Edward Abbey, Charles Bukowski, Tony Morrison. Le méridien de sang de Cormac McCarthy, par exemple, est un roman de fou – toute son œuvre est à lire, de toute façon. Avons-nous cela au Québec ? Avec le temps, comme plusieurs, je retourne à une certaine américanité. Que ce soit Mistral, Hamelin, Archibald, Grenier ou la dite littérature de la chainsaw, nous sommes très américains dans la façon que nous avons de parler de la nature, de nous raconter. Mais, pour parler plus strictement de mon maître à penser, je cherche encore le Thoreau québécois (rires).

(propos recueillis par Robert Saletti)

Les Productions Langues pendues présentent le Laboratoire de l’écrivain, 2e édition

« Longueuil.

Samedi 20 octobre 2018.

La capacité d’inventer, de rêver et de fabuler appartient à chaque être humain et le nourrit profondément. C’est sans doute une des parts les plus fortes et lumineuses de notre humaine condition. Le Laboratoire de l’écrivain des Productions Langues pendues veut mettre en lumière le travail en amont du livre, ce travail qui accompagne l’élaboration d’un monde complexe de langage, qu’il soit poétique, narratif, dramatique ou discursif.

Pour ce faire, les écrivains Mathieu BlaisNicolas ChalifourHélène DucharmeSébastien Dulude et Louise Dupré questionneront leur démarche par le biais de discussions sur le métier d’écrire, d’écriture in situ et de lectures d’extraits. Cette année, une nouveauté, l’artiste en arts visuels Brigite Normandin apportera un autre éclairage à la journée. L’événement, qui se déroulera dans le Vieux-Longueuil, est une occasion de performance, de diffusion et de rencontre avec le public-lecteur qui vivra une expérience concrète d’écriture et de lecture tout en prenant connaissance du travail complexe et esthétique de recherche et de construction propre au métier d’écrire. Le tout sera animé par Shanti Van Dun, enseignante de littérature au cégep Édouard-Montpetit.

Activité gratuite!

Déroulement

– 10h00 à 12h30 : rencontre d’échanges et de discussions publiques à la salle Albert-Beaudry, Maison de la culture de Longueuil, édifice Marcel-Robidas au 300, rue Saint-Charles Ouest.

– 12h30 à 14h30 : temps de création réservé aux écrivain.e.s pour de l’écriture in situ dans trois restaurants du Vieux-Longueuil.

Une nouveauté cette année : un comptoir de prêt de livres

Durant la pause repas, le public sera également libre de casser la croûte dans l’un ou l’autre des trois restaurants participants – L’Gros Lux, L’incrédule et la Piazzetta –, où ils pourront, en même temps, feuilleter les œuvres des écrivains invités et des essais littéraires. Les livres, qui pourront être empruntés à la Maison de la culture, seront gracieusement prêtés par le Réseau des bibliothèques publiques de Longueuil. Ces livres pourront être retournés sur place le jour même ou dans l’une des bibliothèques de Longueuil.

– 15h00 à 17h00 : retour sur les textes et lecture publique d’extraits à la librairie Alire, Place Longueuil (entrée porte P-6, rue Joliette), 17-825, rue St-Laurent Ouest.

Les personnes intéressées peuvent assister à un seul volet ou aux deux volets ouverts au public.

Le Laboratoire de l’écrivain est une conception de France Mongeau, écrivaine et professeure de littérature, ainsi que Valérie Carreau, écrivaine, avec le soutien de Marie-Claude De Souza, fondatrice et directrice des Productions Langues pendues. »

Laboratoire de l’écrivain 2018

Au seuil de la naissance

« Une mère est l’esclave enchantée de ses enfants. »

Réjean Ducharme

L’ivresse du jour 1, de Shanti Van Dun, paru aux Éditions Leméac, se lit comme un journal de la création, imprégné de toutes parts par la nécessité impérative de témoigner de l’intensité de la vie. L’auteure nous fait dès lors entrer dans l’intimité d’une femme devenue mère, attentive aux transformations de son corps, de ses perceptions, et rappelle que la maternité mène à une présence à soi et au monde plus vivante.

L’ivresse du jour 1 se lit aussi comme la genèse d’une famille, dont les contours ne cessent de se modifier, à mesure que la vie augmente, se multiplie, se complexifie… pour échapper aux calculs en tout genre (enfin presque), et se confronter à la fureur et à la violence fondamentales du réel.

Au fur et à mesure qu’on plonge dans cet univers, qu’on est charmé par la sensualité du récit, on ne peut s’empêcher de réaliser, à l’instar de la narratrice elle-même, à quel point l’époque actuelle exige des hommes et des femmes devenus parents, et à quel point il est nécessaire de savoir préserver des espaces de contemplation solitaire.

Mais L’ivresse du jour 1 est surtout l’œuvre d’une femme qui marche, d’une femme éveillée; habitée par la certitude de ce qui lui manque, mais qui sachant que les aspirations humaines se heurtent inévitablement au fini du monde, se risque sans réserve à aimer.

N. E.