France Mongeau publie, dans le numéro 149 de la revue littéraire Les écrits, une suite de dix poèmes intitulée Depuis la nuit. Comme dans son plus récent recueil, Les heures réversibles (éditions du Noroît), verbe, corps et sentiments s’y conjuguent en une forme poétique singulière et belle. « Depuis la nuit j’étreins un cœur tel un verbe au poids léger. »
« Tout passe d’abord par le langage, explique la poète et professeure de littérature au cégep. C’est comme si les mots me venaient avant les sensations, avant les émotions. »
Les poèmes publiés ici sont issus d’un ensemble plus vaste que notre collègue entend publier cet automne ou l’hiver prochain. Ces textes, construits à partir d’images précises, de souvenirs de lieux, sont traversés par un fil qui mène ailleurs. « Ce sont tous des lieux où j’ai vu ce qu’était la pauvreté », poursuit-elle. Certains sont liés à l’enfance, d’autres à des voyages. Il y a le quartier Saint-Henri à Montréal, Mexico, la Colombie, la Martinique.
Pour ce nouveau projet, France Mongeau inaugure une forme nouvelle : la prose devient vers à mesure que l’image initiale s’étiole et se fragmente. « Syntaxiquement aussi, j’ai travaillé la fragmentation », ajoute-t-elle.
Ainsi, par la ponctuation ou la typographie, certains vers offrent deux possibilités de lecture. « Elle est une amie qui repousse/quelque habitude triste contre mon sein. J’arpente
cette guerre
en elle le vocabulaire de l’arrachement sa connaissance intime des disparitions. »
Dans cet imposant numéro de la revue vieille de 63 ans, élaboré par Pierre Ouellet et Marie-Andrée Lamontagne, on trouvera quelque 24 écrits accompagnés des œuvres de la peintre Mercedes Font. Les textes sont, notamment, signés André Major, Hélène Frédérick, Roger Des Roches et Rober Racine. On peut aussi y lire un puissant récit (« Frissons d’un détraqué ») de notre collègue de philosophie Philippo Palumbo.
P. M.