Récits infectés

Comment explorer la pandémie selon une autre forme que celle de la pensée rationnelle? Comment les expériences de crise sont-elles indissociables des affects? Comment penser, à partir du récit, une crise qui continue d’agir sur nous, pour considérer les enjeux, les menaces et les espoirs qu’elle fait naître? Ce sont ces questions qui ont fait naître le collectif d’auteur.e.s Récits infectés auquel ont collaboré nos collègues Nicolas Chalifour (« Zorro carnaval ») et Pascale Millot (« Comme une odeur de javel dans la blancheur du jour ») parmi une vingtaine d’écrivain.e.s, dont Régine Robin, Catherine Mavrikakis, Mathieu Leroux et Hector Ruiz.

Ces récits affectés, infectés, écrits sur le vif, autorisant les erreurs, les errements, les hantises, les folies, font entendre des voix tantôt réfléchies et touchantes, tantôt emportées, enragées, souffrantes, jouissantes. Faire parler de telles voix a été le pari de ce collectif dirigé par Léonore Brassard. Ce projet est chapeauté par la Chaire McConnell en recherche-création sur les récits du don et de la vie en contexte de soins.

France Mongeau, Mathieu Blais et Nicolas Chalifour collaborent à la revue Les écrits

Le plus récent numéro de la revue Les écrits vient de paraître. France Mongeau y présente le Laboratoire de l’écrivain, dans un texte intitulé « Faire résonner ce qui parle en soi ». Nicolas Chalifour et Mathieu Blais ont eux aussi collaboré au numéro, signant respectivement les textes « Mascarade » et « Tu lui diras l’amour aussi ». Plus de détails ici.

Lancement de la revue Saison baroque

Le tout nouveau numéro du recueil de poésie et de photographies Saison baroque sera lancé la semaine prochaine, le jeudi 5 décembre 2019, à compter de 18 h, au café étudiant du campus de Longueuil (local A-125). Étudiants et membres du personnel sont invités à y assister en grand nombre.

La revue Saison baroque entrelace les mots et les images, alors que la poésie s’associe aux photos. 

Les étudiants, poètes et photographes vous y présenteront le résultat de leurs œuvres réunies, dans un recueil diversifié et de qualité. Celui-ci offre au lecteur la possibilité d’apprécier la lecture de plusieurs poèmes, entrecoupés d’œuvres photographiques incomparables.

Pour les étudiants-créateurs, il s’agit d’un moment inestimable puisqu’il représente l’aboutissement de plusieurs semaines de travail.

Bienvenue à tous!

Publication d’un recueil de poèmes de Mathieu Blais

Le plus récent recueil de poésie de Mathieu Blais paraît aujourd’hui. La quatrième de couverture de Sudan et Najin et Fatu se présente ainsi :

«Puis il n’y eut plus que Sudan et Nasima, et Nabiré et Najin, et Najin et Saut donnèrent naissance à Fatu, et Sudan est mort cette année-là, et ils ne furent plus que deux. Deux, et nous étions là, à compter. Et tu parlais, tu continuais de parler, Cassandre, mon amour. Et ma langue morte s’aiguisait sur la pierre noire.»

Lancement des revues des finissants de l’option Littérature

Les finissants de l’option Littérature du programme Arts, lettres et communication vous invitent au lancement de Temps d’arrêtEntre nous, Carnaval et Cosmopolite, les revues littéraires créées dans le cadre de leur projet de fin d’études. Ces publications allient créations et articles critiques, rédigés par les étudiants, et arts visuels. Quand? Le jeudi 16 mai, à 19 heures. Où? Au studio-télé (D-2320). Venez célébrer avec eux!

Lancement de Saison baroque ce jeudi 2 mai

Le tout nouveau numéro du recueil de poésie et de photographies Saison baroque sera lancé ce jeudi 2 mai 2019, à compter de 18 h, au café étudiant du campus de Longueuil. Les étudiants et le personnel sont invités à y participer en grand nombre.

La revue Saison baroque réunit les mots et les images dans un seul canal, alors que la poésie s’associe aux photos.

Les poètes et photographes vous y présentent donc leurs oeuvres réunies dans une publication riche et diversifiée. Celle-ci offre au lecteur la possibilité d’apprécier la lecture de plusieurs poèmes, entrecoupés d’oeuvres photographiques explorant des thématiques liées à l’intimité et à l’engagement ou encore empruntant un ton ludique.

Pour les étudiants, il s’agit d’un moment précieux parce qu’il représente l’aboutissement de plusieurs semaines de travail.

Bienvenue à tous !

Au seuil de la naissance

« Une mère est l’esclave enchantée de ses enfants. »

Réjean Ducharme

L’ivresse du jour 1, de Shanti Van Dun, paru aux Éditions Leméac, se lit comme un journal de la création, imprégné de toutes parts par la nécessité impérative de témoigner de l’intensité de la vie. L’auteure nous fait dès lors entrer dans l’intimité d’une femme devenue mère, attentive aux transformations de son corps, de ses perceptions, et rappelle que la maternité mène à une présence à soi et au monde plus vivante.

L’ivresse du jour 1 se lit aussi comme la genèse d’une famille, dont les contours ne cessent de se modifier, à mesure que la vie augmente, se multiplie, se complexifie… pour échapper aux calculs en tout genre (enfin presque), et se confronter à la fureur et à la violence fondamentales du réel.

Au fur et à mesure qu’on plonge dans cet univers, qu’on est charmé par la sensualité du récit, on ne peut s’empêcher de réaliser, à l’instar de la narratrice elle-même, à quel point l’époque actuelle exige des hommes et des femmes devenus parents, et à quel point il est nécessaire de savoir préserver des espaces de contemplation solitaire.

Mais L’ivresse du jour 1 est surtout l’œuvre d’une femme qui marche, d’une femme éveillée; habitée par la certitude de ce qui lui manque, mais qui sachant que les aspirations humaines se heurtent inévitablement au fini du monde, se risque sans réserve à aimer.

N. E.

Parution d’un essai de Jean-François Poupart

« J’ai passé la majeure partie de ma vie à lire de la poésie, à l’enseigner, à tenter d’en écrire et à la publier, ainsi qu’à en propager la bonne parole. On peut dire que, littéralement, la poésie m’a fait vivre. Je lui dois tout et, dans ce bref essai, je m’efforcerai de lui redonner sa juste part, dette accumulée dans les moindres tics, certitudes ici et là, doutes encore vifs, polémiques amusantes afin d’égayer le discours, mais surtout le but premier sera de la faire lire. » (Lire la poésie, quatrième de couverture)

Amor fati

Je suis venu au monde avec une belle plaie ; je n’étais pourvu de rien d’autre.

Kafka

Le dernier recueil de François Godin, le troisième après La victoire jamais obtenue (Écrits des Forges, 2011), puis La chambre aux quatre vents (l’Hexagone, 2014), vient de paraitre, cet automne, aux éditions Le lézard amoureux. Habiter est une blessure semble mettre fin à un cycle. Mais de quoi parle-t-on au juste dans ce recueil ?

D’une réalité de l’existence sur laquelle François Godin s’est quelques fois arrêté. Il s’agit d’une façon d’être au monde, celle qui lui appartient, mais qui nous concerne tous autant que nous sommes, et qui se révèle grâce à l’écriture, à la poésie qui ouvre la voie des possibles, nous mène au cœur de l’intime. Cette façon d’exister ne peut se dérouler sans heurts, puisque habiter, c’est occuper un espace, y vivre, dedans comme dehors, en soi comme en l’autre, c’est aussi créer et multiplier les postes d’observation. Dès lors, le lecteur se laisse guider par ce courage qui consiste à regarder en face la vulnérabilité humaine et à s’émouvoir devant l’incroyable capacité de l’être à se régénérer, comme en témoigne le poème liminaire :

« Je suis une cabine
qui craint les carrés ouverts
les ricochets entre les rideaux
la lecture des pages vierges

la légèreté des pas
se brise sur un sol trop dur

ma nature demeure
je cherche un chemin
entre l’abîme et la cicatrice »

On assiste, à la lecture de ce recueil, à une géométrie des mouvements. Tout semble, en effet, lié à l’espace. Habiter est une blessure est divisé en 8 sections dont les titres, pour n’en nommer que quelques-uns, sont tous plus séduisants les uns que les autres et concourent à dessiner une trajectoire : « L’insoumission des corps », « Charpente de l’intime », « Tracé de la sauvagerie », « Tomber n’est pas une fin »…

L’être, comme habitacle livré au monde, apprend à composer avec sa violence : « la géographie des tempêtes / prend racine dans ma nuque / mes flancs obéissent / aux incursions du soleil / je me désamorce / négocie mon dépeuplement ».  Le corps se trouve tantôt souffrant ou soudain assailli : « des peuples se croisent / à l’angle de mon cou et de mes épaules », mais se révèle d’une résistance sublime, jusqu’à l’épuisement.

Ainsi, « entre la force et l’abandon », se mettent en place des échanges : une sorte d’osmose. L’aventure poétique, au fil du recueil, transgresse les frontières :

« j’épuise le ciel
un couvercle au-dessus de la porte
les lettres à l’est s’illuminent
livrent le ventre du monde
son affolement
j’écris les mains dans la terre

bienvenue ici
écoutez le bruit
le vertige
ma légèreté

l’abri et le crâne
quadrature du lit »

En définitive, habiter, pour François Godin, relève du défi permanent, celui d’être pleinement présent chez quelqu’un, quelque part, comme dans une demeure. Cela revient également à apprivoiser son corps, malgré les blessures, à vivre ses relations, malgré les ruptures, et à aimer ce qui advient.

N. E.