« Désert », deuxième prix du concours de poésie « Pour l’instant » 2015

C’est un immense désert qui sépare nos battements de cœurs inondés d’insouciance.
Une colline de sables infranchissables
où chaque grain se répugne de leur sagesse.
Si pure, que les tempêtes de vent s’y sentent éphémères.
C’est, entre nous, un pont vertical lustré d’érosion, fier de nous apeurer.
Fier d’apeurer les bateaux qui nient les voiliers usés sous l’eau.
C’est un arbre sans racine qui vole d’un monde à l’autre.
Dans nos esprits.
Dans nos rêves.
Qui se perd dans les paroles qu’on aurait dû murmurer.
Et on a honte.
De ces mots crachés dans une rage d’émotion pour défier le silence.
De ce temps perdu à regarder la montagne les pieds soudés à nos craintes.
Et bien au fond de nos cœurs nous pleurons.
Seuls avec nous-mêmes.
À oublier que la vie est une roche lisse à escalader.
Que sans tempête il n’y a rien de calme, rien de doux, rien de précieux.
Seuls avec nous tous.
À redouter le désert alors qu’il est pourtant si beau.
Alors que le désert c’est tout.
Et que nous ne sommes rien sans désert.

Gabrielle-Eve Lane