Dans le cadre d’une journée d’étude organisée par la Société internationale d’études greeniennes (la SIEG) qui a pour titre « Le Journal vespéral de Julien Green », Jean-Claude Brochu sera à la Sorbonne Nouvelle, le 25 novembre 2017, pour donner une communication, intitulée « Un peu profond ruisseau calomnié, la mort» (Mallarmé).
Au terme de L’arc-en-ciel, le treizième tome de son Journal, Julien Green a atteint le grand âge de quatre-vingt ans, mais la vie lui réserve encore plusieurs passages « devant la porte sombre » du 13 août, date de son décès en 1998. Nous essaierons de comprendre, à la relecture des six derniers volumes de son Journal, de quelles façons la mort s’approche de lui et comment il se prépare à la recevoir.
La mort ne lui vient pas de la maladie, elle le cerne plutôt par la disparition de ses proches, s’immisce dans ses rêves et s’exprime surtout à travers le déclin de la civilisation. Ce mot de civilisation, que Green a peut-être eu le loisir de réviser avec l’illustre compagnie, se définit, selon son Dictionnaire, par l’« ensemble des connaissances, des croyances, des institutions, des mœurs, des arts et des techniques d’une société ». L’entrée se poursuit avec des usages comme « civilisation occidentale » et « civilisation moribonde ». Nous verrons que le diariste fait un sort à tous les éléments de cette définition.
Quant à la manière greenienne d’appréhender la mort, elle consiste essentiellement à cultiver les vertus théologales (la foi, l’espérance, la charité) et à soigner sans hâte, à l’heure des bilans, une postérité dont l’auteur n’a jamais douté, indépendamment de ses observations sur la gloire. Puisque la foi contredit la peur, Green ne semble pas craindre la mort. Il nous faudra bien admettre avec lui, en dernière analyse, qu’elle n’existe pas. (J.-C. B.)
Rappelons que le Journal que Julien Green a tenu dès 1919, puis « presque tous les soirs » de 1926 à sa mort en 1998, est considéré comme l’un des monuments littéraires du 20e siècle.